Deux réceptions, deux victoires, un déplacement, une défaite. Le
Racing peut paraître dans les clous, sauf que ces deux victoires ont
été obtenues face aux deux promus… N’avez-vous pas le regret de
ne pas avoir obtenu le moindre bonus offensif ?
(Ferme) Pas du tout. Ce début de championnat correspond exactement à ce que
nous espérions sur le plan comptable. On s’est encore aperçu ce week-end que
Brive avait effectué une très belle prestation à Montpellier. Ce serait faire injure
à ces clubs que de regretter un éventuel point de bonus offensif. Pour avoir
été promus voilà quelques saisons avec Montauban, nous savons très bien
qu’en début de saison, tout le monde sous-estime l’équipe qui monte. Sauf
que ces formations s’appuient sur beaucoup de vertus, de solidarité et de talent.
Le Racing-Metro demeure quant à lui une équipe en construction. Lorsque
le président Jacky Lorenzetti a annoncé en début de saison que l’objectif du Racing-
Metro était de remporter un maximum de matchs, il ne s’est pas trompé.
Vos joueurs doivent assimiler un changement de méthodes, de système
de jeu… Les observateurs se montrent-ils trop impatients
à l’égard de votre équipe ?
C’est tout à fait normal d’être impatient. Il y a eu
beaucoup de battage médiatique autour du Racing-
Metro à l’intersaison, des grands noms sont arrivés…
Avec Laurent Labit, nous sommes les premiers qui
auraient aimé une mise en place plus rapide. Sauf
que, s’il suffisait d’aligner des noms pour être performant
rapidement, d’autres y seraient parvenus
avant nous…
Laurent Labit a parlé d’une « chape de
plomb » planant sur ses joueurs contre
Oyonnax. Quels ressorts activer pour la
faire exploser ?
Je ne le ressens pas tout à fait comme ça… Il y a
de la pression, bien sûr. Mais ce n’est pas une pression
négative. Il nous manque encore certaines
choses, mais la pression n’est pas une explication.
Ce qu’il y a, surtout, c’est que nous affrontons des
adversaires de qualité qui, comme nous, veulent
tout simplement gagner des matchs. Dans notre
championnat, treize autres clubs sont dans ce cas.
Il me semble qu’avec Laurent Labit, nous sommes
très bien placés pour savoir que de nombreux clubs
souhaitent renverser l’ordre établi… Cette saison,
il n’y a probablement jamais eu autant de prétendants
au Bouclier de Brennus. Castres, bien sûr,
mais aussi Toulon, Clermont, Toulouse, Montpellier,
le Stade français… Et j’en passe.
Vous parliez tout à l’heure du Racing-Metro
comme d’un groupe en construction. Est-ce
en ce sens que vous avez choisi d’organiser,
avec femmes et enfants, un barbecue dans la journée de
dimanche ?
Il était important, à nos yeux, que les épouses puissent faire connaissance
entre elles, que chacun et chacune puisse mettre un visage
sur tout le monde. Nous l’avions déjà fait à Castres mais
nous n’avons rien inventé, car d’autres le font, et l’avaient surtout
fait avant nous. Dans une saison, dans la construction de
notre groupe, cela nous paraît des moments importants. Le
groupe a été largement renouvelé cet été, certains joueurs
sont arrivés plus tard que d’autres, et cette grande rencontre
n’avait pas encore pu être effectuée. Je le répète,
nous sommes un groupe en construction. Ce n’est pas se
protéger ou ouvrir le parapluie que de dire ça… Il s’agit
simplement d’être réaliste. Quant à nos forces et nos
faiblesses, d’abord, mais aussi à celles de nos adversaires.
Or, le fait est que la plupart de nos adversaires
travaillent dans la continuité et sont déjà
en place. Ce qui n’est pas notre cas.
Physiquement et techniquement, avezvous
découvert un effectif au niveau auquel
vous l’attendiez ?
Nous avons en tout point confiance en notre
groupe. Il y a évidemment des aspects sur lesquels
il faudra rapidement progresser, comme
la vitesse, le déplacement. À nous de mettre
en place à l’entraînement ce qui est
nécessaire pour y parvenir.
L’attente autour de vos Lions britanniques,
Jonathan Sexton, Jamie
Roberts et Dan Lydiate, est très
forte. Ne craignez-vous pas que ces
derniers vivent une saison plus difficile que prévue, en disputant un
championnat aux exigences physiques incomparables à celles de la
Ligue celte ?
Les exigences sont les mêmes de partout, donc je ne crois pas. Ce que je sais,
en revanche, c’est que d’autres grands joueurs dont je ne citerai pas le nom ont
eu des difficultés à se faire à notre championnat, dans d’autres clubs Or, ce
n’est pas parce que l’on s’appelle Jamie Roberts ou Tartampion que l’on va
traverser le terrain tous les week-ends. Le rugby reste un sport de combat collectif,
et cela ne peut se remporter que si l’équipe est en place. L’individu ne peut
être fort que si le collectif est fort, et le collectif ne sera meilleur que lorsque
les individualités seront plus fortes… Tout est lié et c’est important de le comprendre.
En termes de timing, de construction, de lancements de jeu, nous sommes
en quête de repères collectifs, et ceux-ci ne viendront qu’avec l’habitude
de travailler et jouer ensemble. Ce n’est qu’une fois ces repères acquis que
les joueurs pourront donner leur pleine mesure.
Quelles sont vos satisfactions sur les trois premières
journées ?
Celle de ressentir une progression, même légère. Il faut que
l’on croie en nous et que l’on garde confiance en notre
groupe. Nous aussi aimerions aller plus vite, mais il faut prendre ce temps. Le
doute n’existe pas.
Craignez-vous à Toulouse un scenario semblable à celui de Toulon ?
Quand on a vu le match de Toulouse contre Bayonne ou certaines séquences devant
Clermont, l’évidence, c’est que le Stade est en place. À Toulon, nous avons
vu ce qui nous séparait des équipes de haut niveau qui ont connu très peu de
mouvements à l’intersaison, et ont logiquement plus de repères dans leur jeu.
Je peux simplement espérer du match de mercredi que nous aurons réduit cet
écart. Dans la construction de notre jeu, nous avons toujours ce petit temps
de réflexion qui induit ces demi-secondes de retard au soutien et qui pénalise
notre jeu. À nous de faire en sorte que mercredi, cette demi-seconde n’existe
plus. Ou du moins que cette demi-seconde soit raccourcie… ■