Fall: "Ça fait plaisir d’enchaîner..."
Sa progression gâchée par des blessures à répétition depuis qu'il a rejoint le Racing il y a bientôt trois saisons, Benjamin Fall n'a malgré tout jamais perdu la confiance des sélectionneurs du XV de France, qui l'ont préféré à Médard ou Buttin pour le déplacement en Italie ce dimanche. A bientôt 24 ans, l'Apollon des Bleus espère enfin tourner le dos à la poisse à l'occasion de ce Tournoi 2013.
Benjamin, possédiez-vous dès lundi après-midi, à l'issue de l'opposition, une indication sur votre sélection parmi les 24 retenus pour cette ouverture en Italie ?
Non. Vraiment pas, en fonction des dossards, on ne pouvait vraiment pas savoir qui allait attaquer. Il n'y avait aucune certitude, d'autant qu'on est de nombreux polyvalents parmi les trois-quarts. Beaucoup peuvent évoluaient aux postes d'arrière/ailier, d'autres en tant que centre/ailier... Les places étaient très chères.
Les sélectionneurs vous ont-ils clairement désigné d'ailleurs le poste auquel ils souhaitent vous utiliser en priorité ?
Plutôt sur le poste d'ailier, on l'a plus ou moins sous-entendu. J'ai tout de même effectué cette saison tous mes matches en club à l'aile, donc par déduction, je me suis dit que j'allais être fixé à l'aile. Mais je suis là pour jouer, ça ne me dérange pas d'évoluer à l'aile ou à l'arrière. Je sais que ma polyvalence peut être à la fois une force, mais aussi d'une certaine manière être dévalorisante. En étant fixé à un seul et même poste en club, c'est l'opportunité aussi d'enchaîner les matches, d'y trouver des repères et de montrer toute l'étendue de ce qu'on est capable d'y faire.
Vous avez revendiqué au Racing ce besoin d'être fixé à l'aile ?
J'en ai parlé avec Gonzalo (Quesada) et je lui ai dit que je connaissais un peu plus ce poste d'ailier. Sur le poste d'arrière, je sais qu'il faut que je travaille mon jeu au pied et le timing ; en tant qu'ailier, c'est savoir me proposer encore un peu plus pour toucher plus de ballons.
"J'avais tendance à être un peu "bourrin""
Ce staff semble miser beaucoup depuis sa prise de fonctions sur la polyvalence au sein de ses lignes arrières. A quel poste va votre préférence ?
C'est compliqué. Sur le poste d'arrière, c'est vrai qu'on touche plus de ballons, on a aussi plus de responsabilités et on évolue plus dans la relance. Moi, qui n'ai pas trop le pied, j'ai tendance à beaucoup relancer, parfois de manière hasardeuse. Sur l'aile, c'est plutôt finir les actions, se proposer, être un petit électron libre. Sur mes derniers matches en club, je n'ai pas forcément réalisé de grandes performances ballon en main, mais j'ai plutôt travaillé dans le domaine des déblayages, gratter les ballons. Ce n'est pas ce que je travaille le plus, mais j'aimerai toucher plus de ballons.
La clé, c'est que vous parvenez enfin à enchaîner les matches, épargné les blessures...
Ça fait plaisir d'enchaîner. Depuis mes débuts au Racing, je n'avais jamais réussi à enchaîner trois matches. Aujourd'hui, je pense que j'ai mûri dans mon comportement vis-à-vis de mon corps, je me ménage un peu plus. Je bosse plus qualitativement que quantitativement. Etirement, soins, récupération : j'ai toujours fait ce travail, je n'ai rien à me reprocher. Toutes ces blessures, je les mettrai plus sur le compte de la malchance. C'est surtout sur le travail foncier, de musculation que je bosse plus de manière qualitative. Parce que j'avais tendance à être un peu "bourrin" (sic), à vouloir en faire toujours plus. On m'a appris à me calmer, Gonzalo (Quesada) m'a parlé et les préparateurs physiques savent me gérer désormais par rapport à ça.
On m'a collé un peu cette étiquette de joueur fragile, c'est comme ça
N'aviez-vous pas aussi tendance à trop vous exposer sur le terrain ?
Non, pas spécialement. Sur le terrain, je ne vais pas faire semblant d'aller dans un ruck, alors qu'il faut y aller. J'ai toujours le tempérament de tout donner, après, les blessures font partie du rugby. C'est la malchance tout simplement. J'ai peut-être une morphologie qui fait que j'ai des genoux et des chevilles un peu fragiles, c'est ce sur quoi je bosse. Ça me réussit plutôt bien, j'arrive à enchaîner, pourvu que ça dure.
N'est-ce pas un peu lourd d'entendre toujours parler de vos blessures et de votre physique ?
On m'a collé un peu cette étiquette de joueur fragile, ça fait partie du jeu, c'est comme ça. Vous ne voyez que les statistiques et les joueurs qui jouent, mais il y a aussi tout le travail réalisé à l'entraînement durant la semaine.
Malgré tous ces pépins physiques, les sélectionneurs ont continué de vous faire confiance et de vous rappeler en équipe de France ?
J'ai à coeur de montrer que je mérite cette confiance, enchaîner les matches et tout donner comme j'ai l'habitude de le faire, mais surtout enchaîner parce que c'est ce qu'on me reproche. J'espère que c'est parti !