Il y a des rencontres qui marquent toute une vie. Celle-ci m’a particulièrement marqué lorsque j’ai rencontré Salemane Benjamin Sa. Sa gentillesse, sa disponibilité, son humilité viennent mettre en exergue les qualités de ce pilier néo-zélandais aux origines samoanes. En exclusivité pour le XVOVALIE, Benjamin se livre sur la fin de saison avec le Racing et nous parle de son nouveau club.
Ses qualités, il les a acquise dès 5 ans à Auckland où il commença à pratiquer la “gonfle ovale”. Auckland, il y restera jusqu’à ses 21 ans. Auréolé d’une sélection avec les Baby Blacks, il décide de quitter sa Nouvelle-Zelande pour arpenter le monde. Passage éclair d’une année à Hong-Kong, il arrive au CRC Madrid où il remporte le championnat espagnol. En 2004, il s’engage avec le Racing Métro pour deux années. A l’époque, il accorde une interview pour nos confrères du Parisien où il relate les différences culturelles entre ses expériences passées et les obligations des piliers en France: “Je n’avais même pas encore mis les pieds sur le terrain, le coach m’avait déjà dit : ici, pilier, c’est la guerre”.
Benjamin est emprunté par ses habitudes néo-zélandaises, grand gabarit 1,94m pour 140kg, il aime porter le ballon, passer sur un pas, s’intercaler dans la ligne de trois-quarts sauf qu’en France, il doit s’habituer à un tout autre style de combat et surtout au vice des pilards français : “Après m’avoir plaqué, un joueur d’Oyonnax m’a mis un coup de poing. La semaine dernière, à Bordeaux, dès la première mêlée, mon pilier m’a griffé le visage. Ça n’existe pas chez nous. Ici, le rugby est très physique, très dirty”.
Après s’être aguerri au rugby français, il change de cap et quitte la capitale pour le sud-ouest et l’US Montauban, club pour lequel il restera le plus longtemps (2006-2010) avant de refaire le chemin inverse en 2010 pour le Racing Métro.
Benjamin Sa possède une solide expérience aujourd’hui, puisqu’il totalise 127 matchs de Top14, 11 matchs de Hcup, 9 matchs de Challenge Européen et 22 matchs de ProD2. Pour le XVOvalie, il a accepté, en toute simplicité de répondre à quelques questions:
Benjamin, vous êtes 5ème avec le Racing, penses-tu que le club puisse décrocher le bouclier?
Le Racing est capable de gagner la compétition. Nous avons une équipe composée de joueurs de gros calibre qui peut rivaliser avec les meilleurs clubs européens. Et puis, dans le monde du rugby, tout est possible.
Comment expliques-tu la folle deuxième partie de saison du Racing?
Le facteur “patience” a été primordial. On forçait trop notre jeu, on a su être patients et les résultats sont venus naturellement. Nous voulions des résultats dès le début de saison, de facto nous nous sommes mis énormément de pression et cela nous a inhibé en quelques sortes. Un autre facteur essentiel a été aussi l’amélioration de notre défense, une phase de jeu que nous avons beaucoup travaillé.
Tu as signé à Bordeaux-Bègles pour l’année prochaine. Tu vas donc connaître ton 3ème club français (après Montauban et le Racing). Peux-tu nous donner les raisons de ce choix?
J’en ai parlé à ma femme et nous sentions que c’était le bon moment pour un changement. J’ai joué 5 merveilleuses années au Racing (2 en ProD2 et 3 en Top14) mais cette année, je n’ai pas trop été titularisé en raison de l’arrivée de mon ami Luc Ducalcon, international français, qui nous a beaucoup apporté. Le Racing va certainement recruter devant pour la saison prochaine donc j’aurais vu mon temps de jeu se réduire encore. Alors j’ai eu des contacts avec l’UBB et je me projetais dans cette équipe avec un style de jeu qui fait une belle promotion du Top14. Ce club possède de grands supporters qui poussent derrière leur équipe, j’ai quelques amis qui sont passés par Bordeaux-Bègles, ils ne sont pas avares de compliments envers le club et la région. Finalement, la décision a été plutôt facile à prendre.
Serait-ce ton dernier challenge?
Je ne sais pas. Cela dépendra de mon corps. Je jour où je me rends compte que je n’ai plus rien à offrir à ce niveau, j’arrêterais probablement.
Que peut-on te souhaiter pour cette fin de saison?
Je veux quitter le Racing avec le Brennus dans ses mains. Voilà mon plus grand souhait en cette fin de saison.