La défense (à la Défense et ailleurs)
Publié : 06 mars 2023, 11:23
Suite à qq échanges faits ici au sujet de la défense de l'équipe (pire défense du top 14), je vous colle ici un article paru hier sur l'équipe :
Le Racing 92 ne peut plus compter sur sa défense
Douzième défense du Top 14, le Racing 92, qui reçoit ce dimanche le Stade Toulousain (21 h 05), encaisse depuis début décembre plus de 32 points en moyenne par match. Pour espérer se qualifier, il doit urgemment rebétonner ce rideau défensif.
Petite astuce mnémotechnique : le Racing 92 joue bien à La Défense mais il a perdu la sienne. En s'installant sous le plus beau chapiteau de France, début 2018, la chefferie du club assumait par avance un changement culturel à venir et des déséquilibres à prévoir du moment qu'on construit une équipe tournée vers l'attaque, la vitesse et le spectaculaire.
Depuis cinq ans, on ne s'est pas souvent ennuyé à l'Arena et ceux qui ont payé leur place pour le Racing 92 - La Rochelle (39-36) du 28 janvier en ont eu pour leur argent, entre les essais, les contre-attaques et les envolées lyriques.
La publicité n'est tellement pas mensongère que l'équipe de Laurent Travers possède l'attaque la plus généreuse du Top 14 cette saison (26,6 points/match), ce qui était déjà le cas celle d'avant. Un nouvel entraîneur de l'attaque est arrivé - Rory Teague à la place de Mike Prendergast -, des trapézistes renommés ont quitté la piste (Beale, Thomas, Vakatawa...) mais ça canarde toujours autant.
Une nuance tout de même, qui va nous emmener vers le sujet principal : le Racing n'a grappillé que deux bonus offensifs cette saison, quand Toulouse, qui débarque ce dimanche soir à l'Arena, en a entassé huit. Les bonus récompensant en premier lieu un écart, le Racing touche ici une de ses limites : il donne beaucoup mais reçoit davantage.
Sa défense n'est que la douzième du Top 14 (27,5 points/match). Elle est surtout l'ombre de ce qu'elle était avant l'emménagement à l'Arena - le club francilien évoluait à Colombes -, quand le rideau des Ciel et Blanc ne se laissait pas percer à la petite chignole.
Meilleure défense en 2017-2018, meilleure attaque en 2022-2023, les courbes se sont inversées. Comme toujours, tout est question de proportions et celles atteintes par l'incurie défensive du club francilien, période contemporaine, dépassent les bornes.
Depuis début décembre et le coup d'envoi de la Coupe d'Europe, objectif déclaré du club, le Racing a joué onze matchs et encaissé en moyenne 32,2 points. Il y a eu la gifle contre le Leinster au Havre (10-42, 10 décembre), la mornifle dans le derby face au Stade Français à l'Arena (10-48), mais aussi 36 points ramassés au retour à Dublin (21 janvier), 38 à Pau (4 février) et 45 à Lyon il y a huit jours (25 février).
« Je suis le responsable de ce secteur donc je me remets en question, indique Dimitri Szarzewski, entraîneur de la défense depuis trois saisons. Je dors peu en ce moment et le peu que je dors, je dors mal. C'est normal, je cherche à comprendre, je cherche des solutions. Ce qui est clair, c'est que la claque reçue contre le Leinster à domicile nous a fait mal. Car avant, nous étions sur une bonne dynamique, avec une victoire à Toulon et deux larges succès contre l'USAP et Clermont. Ces 42 points pris au Havre nous ont fait tomber dans le doute, perdre confiance. On était allés à Lyon avec l'intention de faire un résultat. On en est repartis avec 45 points donc on a de nouveau pris une grosse claque. On se sent honteux. Maintenant, on est en dehors du Top 6 et il ne reste que sept journées. Il y a urgence. »
Une étrange passivité au milieu de terrain
L'étanchéité de sa défense étant ce qu'elle est (dix-huit essais encaissés dans les quatre derniers matchs), faut-il juste refaire les joints ou attendre le prochain plombier, en l'occurrence Stuart Lancaster, futur manager du club ? « En perdant des deuxièmes-lignes durs comme Bird, Ryan ou Le Roux, le Racing a beaucoup perdu, indique un entraîneur du Top 14. Est-ce que leur volonté d'avoir un jeu de possession, un jeu offensif ambitieux, ne leur a pas fait délaisser le travail défensif sur les transitions ? Je les trouve plutôt bons pour défendre les attaques placées, ils ont de très bons plaqueurs. Mais ils sont plus fragiles sur les turnovers. »
Les statistiques d'Opta font du Racing l'équipe - juste après Brive - qui concède le plus d'essais (12) sur ces ballons qui changent de mains. « J'ai le sentiment que les joueurs sont réceptifs à mon message, dit Szarzewski. Je leur parle avec mon coeur. Je sais qu'on va réagir. Je ne suis pas inquiet pour la suite, à condition qu'on ne se mente pas et qu'on fasse plus d'efforts pour colmater les brèches, qu'on soit moins spectateurs. La défense, c'est un état d'esprit. C'est vouloir agresser l'adversaire, ne pas lui laisser le temps de manipuler le ballon. C'est vite « switcher » quand on perd le ballon, c'est refuser de prendre un essai même si on est devant au score. Mon rôle, c'est de rendre le côté défensif attractif au Racing. Ici, avec l'Arena, on est attiré vers la lumière, vers l'attaque, même inconsciemment. Il y a un travail mental à faire. »
En revisionnant les essais encaissés ces derniers mois, plusieurs constantes se dégagent : d'abord, cette fragilité sur les ballons de récupération ; ensuite, une étrange passivité au milieu de terrain, une zone que les adversaires viennent souvent attaquer ; et enfin, le côté anti-roseau de cette défense qui a trop tendance à rompre dès qu'elle doit plier.
Aujourd'hui, le Racing est l'équipe qui encaisse le plus de points (2,68) au prorata des incursions adverses dans ses 22 mètres. « Il faut que ça redevienne difficile de marquer contre nous, s'engage Szarzewski. On est une équipe. Il faut réagir en équipe. »
Le Racing 92 ne peut plus compter sur sa défense
Douzième défense du Top 14, le Racing 92, qui reçoit ce dimanche le Stade Toulousain (21 h 05), encaisse depuis début décembre plus de 32 points en moyenne par match. Pour espérer se qualifier, il doit urgemment rebétonner ce rideau défensif.
Petite astuce mnémotechnique : le Racing 92 joue bien à La Défense mais il a perdu la sienne. En s'installant sous le plus beau chapiteau de France, début 2018, la chefferie du club assumait par avance un changement culturel à venir et des déséquilibres à prévoir du moment qu'on construit une équipe tournée vers l'attaque, la vitesse et le spectaculaire.
Depuis cinq ans, on ne s'est pas souvent ennuyé à l'Arena et ceux qui ont payé leur place pour le Racing 92 - La Rochelle (39-36) du 28 janvier en ont eu pour leur argent, entre les essais, les contre-attaques et les envolées lyriques.
La publicité n'est tellement pas mensongère que l'équipe de Laurent Travers possède l'attaque la plus généreuse du Top 14 cette saison (26,6 points/match), ce qui était déjà le cas celle d'avant. Un nouvel entraîneur de l'attaque est arrivé - Rory Teague à la place de Mike Prendergast -, des trapézistes renommés ont quitté la piste (Beale, Thomas, Vakatawa...) mais ça canarde toujours autant.
Une nuance tout de même, qui va nous emmener vers le sujet principal : le Racing n'a grappillé que deux bonus offensifs cette saison, quand Toulouse, qui débarque ce dimanche soir à l'Arena, en a entassé huit. Les bonus récompensant en premier lieu un écart, le Racing touche ici une de ses limites : il donne beaucoup mais reçoit davantage.
Sa défense n'est que la douzième du Top 14 (27,5 points/match). Elle est surtout l'ombre de ce qu'elle était avant l'emménagement à l'Arena - le club francilien évoluait à Colombes -, quand le rideau des Ciel et Blanc ne se laissait pas percer à la petite chignole.
Meilleure défense en 2017-2018, meilleure attaque en 2022-2023, les courbes se sont inversées. Comme toujours, tout est question de proportions et celles atteintes par l'incurie défensive du club francilien, période contemporaine, dépassent les bornes.
Depuis début décembre et le coup d'envoi de la Coupe d'Europe, objectif déclaré du club, le Racing a joué onze matchs et encaissé en moyenne 32,2 points. Il y a eu la gifle contre le Leinster au Havre (10-42, 10 décembre), la mornifle dans le derby face au Stade Français à l'Arena (10-48), mais aussi 36 points ramassés au retour à Dublin (21 janvier), 38 à Pau (4 février) et 45 à Lyon il y a huit jours (25 février).
« Je suis le responsable de ce secteur donc je me remets en question, indique Dimitri Szarzewski, entraîneur de la défense depuis trois saisons. Je dors peu en ce moment et le peu que je dors, je dors mal. C'est normal, je cherche à comprendre, je cherche des solutions. Ce qui est clair, c'est que la claque reçue contre le Leinster à domicile nous a fait mal. Car avant, nous étions sur une bonne dynamique, avec une victoire à Toulon et deux larges succès contre l'USAP et Clermont. Ces 42 points pris au Havre nous ont fait tomber dans le doute, perdre confiance. On était allés à Lyon avec l'intention de faire un résultat. On en est repartis avec 45 points donc on a de nouveau pris une grosse claque. On se sent honteux. Maintenant, on est en dehors du Top 6 et il ne reste que sept journées. Il y a urgence. »
Une étrange passivité au milieu de terrain
L'étanchéité de sa défense étant ce qu'elle est (dix-huit essais encaissés dans les quatre derniers matchs), faut-il juste refaire les joints ou attendre le prochain plombier, en l'occurrence Stuart Lancaster, futur manager du club ? « En perdant des deuxièmes-lignes durs comme Bird, Ryan ou Le Roux, le Racing a beaucoup perdu, indique un entraîneur du Top 14. Est-ce que leur volonté d'avoir un jeu de possession, un jeu offensif ambitieux, ne leur a pas fait délaisser le travail défensif sur les transitions ? Je les trouve plutôt bons pour défendre les attaques placées, ils ont de très bons plaqueurs. Mais ils sont plus fragiles sur les turnovers. »
Les statistiques d'Opta font du Racing l'équipe - juste après Brive - qui concède le plus d'essais (12) sur ces ballons qui changent de mains. « J'ai le sentiment que les joueurs sont réceptifs à mon message, dit Szarzewski. Je leur parle avec mon coeur. Je sais qu'on va réagir. Je ne suis pas inquiet pour la suite, à condition qu'on ne se mente pas et qu'on fasse plus d'efforts pour colmater les brèches, qu'on soit moins spectateurs. La défense, c'est un état d'esprit. C'est vouloir agresser l'adversaire, ne pas lui laisser le temps de manipuler le ballon. C'est vite « switcher » quand on perd le ballon, c'est refuser de prendre un essai même si on est devant au score. Mon rôle, c'est de rendre le côté défensif attractif au Racing. Ici, avec l'Arena, on est attiré vers la lumière, vers l'attaque, même inconsciemment. Il y a un travail mental à faire. »
En revisionnant les essais encaissés ces derniers mois, plusieurs constantes se dégagent : d'abord, cette fragilité sur les ballons de récupération ; ensuite, une étrange passivité au milieu de terrain, une zone que les adversaires viennent souvent attaquer ; et enfin, le côté anti-roseau de cette défense qui a trop tendance à rompre dès qu'elle doit plier.
Aujourd'hui, le Racing est l'équipe qui encaisse le plus de points (2,68) au prorata des incursions adverses dans ses 22 mètres. « Il faut que ça redevienne difficile de marquer contre nous, s'engage Szarzewski. On est une équipe. Il faut réagir en équipe. »